L'holotype de Pachycormus macropterus (Blainville, 1818), espèce type du genre Pachycormus Agassiz, 1833, est le premier poisson osseux (Osteichthyes) fossile en connexion anatomique trouvé en France à avoir été mentionné et figuré dans une publication. Ce spécimen, longtemps considéré comme un saumon pétrifié, fut découvert en 1747 à Grandmont (Côte-d'Or) où affleurent des marnes et des argiles du Toarcien. Le seigneur des lieux, Pierre-Philibert Gillet de Grandmont (1705–1767), rentra en possession du fossile et l'exposa dans son cabinet à Beaune où il fut étudié par l'abbé Antoine Gandelot (1714–1785), historien de cette ville. Claude Varenne de Béost (1722–1788), qui s'intéressait aux fossiles et aux productions minérales de la Bourgogne, en dressa un dessin qui fut gravé dans l'Oryctologie de Dezallier d'Argenville publiée en 1755. Des documents inédits ayant appartenu à la comtesse de Rochechouart (1711–1779), détentrice en son temps d'un des plus importants cabinets d'histoire naturelle de Bourgogne, montrent que plusieurs collectionneurs, comme l'espagnol Pedro Franco Dávila (1711–1786), tentèrent en vain d'acquérir le fossile. Gillet de Grandmont en réclamait 60 marcs (c. 14,6 kg) de vaisselle d'argent, soit environ 3000 livres en monnaie de l'époque, somme considérable pour un fossile. Après sa mort, survenue en 1767, le poisson fut finalement acheté entre 300 et 400 livres par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, pour le Cabinet du Roi à partir duquel fut créé le Muséum national d'Histoire naturelle. Ce spécimen, un des rares fossiles du Cabinet du Roi toujours préservés aujourd'hui, fut étudié au début du XIXe siècle par Barthélémy Faujas de Saint-Fond, Henri Marie Ducrotay de Blainville et Louis Agassiz.