L'étude biométrique des équidés du lac Karâr (composés exclusivement de matériel dentaire) montre qu'ils appartiennent (en majorité) très probablement à l'âne sauvage fossile (Equus africanus Heuglin & Fitzinger, 1866) contrairement à l'étude descriptive de Boule (1900) qui les a attribué en totalité à l'espèce fossile et zébrine Equus mauritanicusPomel, 1897 et comme évoqué dans le travail synthétique de Churcher & Richardson (1978). Ce travail remet d'actualité la question toujours mal connue de la date et du lieu d'apparition des ânes en Afrique. En effet, en Afrique du Nord-Ouest (Maghreb) tout du moins, la plupart des ânes fossiles identifiés comme tels et connus sous le nom de l'âne de l'Atlas (Equus atlanticus Thomas, 1884 ; Equus melkiensisBagtache, Hadjouis & Eisenmann, 1984) proviennent de sites datant du Pléistocène supérieur ou de périodes plus récentes (Romer 1928, 1935; Churcher & Richardson 1978; Bagtache & Hadjouis 1983; Bagtache et al. 1984; Eisenmann 1986, 1995; Zouhri et al. 1997) tandis que le lac Karâr est l'un des rares gisements potentiellement du Pléistocène moyen à avoir livré suffisamment de restes dentaires pouvant appartenir à cette espèce, d'où l'importance d'une étude biomoléculaire et d'une datation radioactive de ce matériel. L'équidé du lac Karâr pourrait donc être le représentant asinien du Pléistocène moyen qui manquait jusqu'ici sachant que le Pléistocène inférieur est symbolisé par Equus tabetiArambourg, 1970, espèce dont le statut spécifique, quoique relativement ambigu (Arambourg, 1970), pourrait avoir des relations phylogénétiques avec l'âne de l'atlas (Hadjouis & Le Bihan 2013). Enfin, la présence dans l'échantillon de l'espèce zèbrine Equus mauritanicus n'est certainement possible que pour deux molaires inférieures intermédiaires.